L’Antéchrist

L’Antéchrist selon Soloviev

Vladimir Soloviov n’était pas catholique, mais orthodoxe. Il était tout à la fois mystique, penseur, critique littéraire, écrivain et poète. Sa philosophie religieuse a considérablement influencé la vie intellectuelle russe (et continue de le faire).
Pour ce qui est de ses écrits, il nous a laissé, entre autres, un court récit intitulé L’Antéchrist (extrait).

Soloviev était un écrivain russe catholique de la fin du 19 ème siècle, doué par nature de ce que les Russes ont fait de mieux en littérature : simplicité engagement et virilité.

Il décrivait ce qu’il pensait que serait le suprême antéchrist, représentant le pire de ce que l’homme est capable quand il se perd dans les ténèbres du confort et de la fainéantise, tout prétendant qu’il est à donner sa liberté pour peu qu’il soit tranquille avec sa conscience.

Je dois avouer avoir ressenti un moment de plaisir, ce genre de plaisir qu’on prend quand les mots sont en parfaite symbiose avec les événements, quand sa pensée profonde trouve une structure et une logique dans l’expression. C’est vrai, ce pays (la France) fut-il descendu au plus profond de l’abîme, au maximum de sa dégénérescence, il y a toujours du bien dans la subtilité de celui qui le décrit avec intelligence :

C’est ici la marque de l’Antéchrist que dénonce Soloviev. L’Homme prétendra unir les contraires et satisfaire les désirs de tous et de chacun sans que personne ait le moindre sacrifice à consentir. Pas de nécessaire “ conversion ”, d’auto-renoncement, de “ voie étroite ”, puisque justement la voie sera largement “ ouverte ”  ! «  Non seulement cet auteur génial lance un universel “ Je vous ai compris ”, mais il surpasse toute personne dans son attachement aux valeurs qu’elle défend. Polymorphe et omni-compréhensif, il est traditionaliste avec les traditionalistes, moderniste avec les modernistes et rationaliste avec les rationalistes.  »

La paix et la liberté de tous étant assurées dans le respect de toutes les cultures et de toutes les religions, le surhomme apparaîtra comme un bienfaiteur de l’humanité, incomparable “ défenseur des droits de l’homme ”. Seulement, il n’accepte toujours pas le Christ, qui a dit  : «  Sans moi, vous ne pouvez rien faire.  » Cette antinomie permet à Soloviev de parler de “ bien falsifié ”. Et les fruits ne se font pas attendre  : «  Sous son règne, les hommes apprendront à s’aimer, s’admirer, s’idolâtrer eux-mêmes, non comme serviteurs et vivantes icônes du Christ, mais à la place de Dieu, dans l’oubli du Seigneur.  »

Voila ce pourquoi les français ont voté : pour l’absence de surpassement. Pour le plus facile, le moins contraignant : tous pareils, tous égaux, donc rien à défendre aucun combat à mener. Leur ration quotidienne de prêt-à-penser leur semble être le Bien puisqu’il ne souffre point d’en abuser… pour l’instant.