La territorialité :
Dieu n’a pas de territoire, et le royaume des cieux non plus, c’est certain. Mais Dieu nous fait naître en un lieu et un temps donné, et dans une humanité qui, de par sa nature, est consubstantiellement territoriale.
L’être humain, à l’instar de certains animaux (et contrairement à d’autres également), est un être territorial, avec une violence intracommunautaire très faible, et une violence extra communautaire très forte. Cela n’est pas un critère moral, un bien ou un mal qu’il faudrait dépasser, c’est ce que nous sommes. Dieu nous a voulu ainsi.
La notion de frontière, comme celle de limite, est une notion fondamentale à l’époque actuelle qu’il faudrait développer. Michel Debré l’écrivait : là où l’on enlève des frontières, on érigera des murs. C’est exactement ce qu’il se passe actuellement en Europe. L’Autriche, la Hongrie, la Bulgarie, par exemple, mettent en place des clôtures défendues par des troupes citoyennes ou semi-professionnelles, à l’image des limes qui défendaient autrefois l’empire romain.
Et que l’on ne s’y trompe pas, les frontières, avant d’être des lignes sur des cartes tracées par des puissants pour délimiter leurs domaines, sont des constructions physiques, ayant pour but de protéger les populations sédentaires, agricoles, des populations nomades, prédatrices.
Concernant la pays au sein de l’UE ; ce n’est pas l’abolition des frontières au sein de l’UE qui a fait que les pays sont en paix depuis 1945. C’est, dans un premier temps, l’équilibre de la terreur, les deux blocs ayant le feu nucléaire. C’est, dans un second temps, la volonté chez ces pays de ne plus maintenir d’armées et de moyens de faire la guerre, au profit d’un état providence et avec la délégation de cette fonction régalienne auprès d’une grande puissance étrangère, en l’occurrence les USA.
Les états européens ne se font plus la guerre parce qu’ils n’en ont plus les moyens, tout simplement. Les moyens matériels, comme je l’ai évoqué, mais également intellectuels, et cela se ressent dans tous les secteurs d’activité compétitifs. C’est un grand bien d’un point de vue du confort, mais cela doit être analysé en ces termes, historiques et objectifs, et pas parce que l’autorité de Bruxelles et de ses ronds de cuir nous protègerait de nous-mêmes.
Et je parle de l’Europe, mais pour ce qui est de l’Afrique, on voit bien que ça n’est pas le trop de frontière, mais bel et bien l’absence de frontière qui est à l’origine de nombreux conflits et génocides.
Enfin il ne s’agit pas de choisir un camp ; dieu ou sa patrie. Le christianisme n’est pas l’Islam, il n’y a pas « d’Oumma ». Nous n’avons pas à choisir entre le royaume des cieux et notre pays, entre être peuple de dieu et citoyen d’une nation. Nous sommes les deux. Dans l’absolu, nous ne sommes pas de ce monde, mais pour un temps, dieu nous a voulu œuvrant dans ce monde qu’il a créé. Et nous ne sommes pas autrui, nous devons respecter et ré-apprendre cela également. Nos frères ne sont pas nous. Cela ne veut pas dire que je vais faire la guerre à mon frère, mais que je n’ai pas vocation à nous dénier nos spécificités et nos droits d’avoir nos « frontières ».